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« Le maïs américain est compétitif à l’exportation »

Selon l'USDA, les exportations américaines de maïs sur 2024-2025 pourraient atteindre près de 65 millions de tonnes.

Selon Antoine Guyon d’Argus Media, les belles performances de ventes américaines de maïs soutiennent les prix de la céréale à la Bourse de Chicago.

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Avec des ventes dépassant chaque semaine le million de tonnes, le maïs américain se porte bien à l’exportation. « L’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, a récemment communiqué ses objectifs pour cette campagne de commercialisation, sur un volume de près de 65 millions de tonnes, indique Antoine Guyon, consultant chez Argus Media. Ce chiffre pourrait même être révisé à la hausse au vu du rythme actuel. » À titre de comparaison, la moyenne sur cinq ans des exportations américaines est de 55,6 millions de tonnes. « Ces ventes soutiennent les prix outre-Atlantique et ont tendance à tendre, mécaniquement, les stocks de report », ajoute l’analyste.

Une porte de sortie

Pourtant, le doute planait après les annonces de Donald Trump et le déclenchement quasi simultané des guerres commerciales entre les États-Unis et ses partenaires historiques. « Les exportateurs américains s’inquiétaient des volumes restant à charger, à risque d’annulation, notamment à destination du Mexique », explique Antoine Guyon.

À l’inverse du Canada qui a très vite lâché sa contre-offensive, le premier acheteur de maïs américain est resté silencieux : « Avec ses besoins en fourrage, renforcés par plusieurs années de sécheresse, le pays ne pouvait pas se permettre de se priver de maïs américain », juge l’expert. Face à l’absence de réaction du Mexique, les exportateurs américains ont été soulagés « d’avoir cette porte de sortie », ajoute-t-il.

Antoine Guyon est consultant chez Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières. (© Antoine Guyon/Argus Media)

400 000 tonnes à risque

En Europe, la situation est différente. « Au moment des annonces de l’administration Trump, les volumes à destination du continent étaient déjà chargés, explique Antoine Guyon. Mais aujourd’hui, l’Union européenne se retrouve avec 400 000 tonnes de maïs américains en attente d’expédition. » En effet, le report de 90 jours du dispositif de droit de douane, du côté de Trump puis de la Commission européenne, a entraîné une résurgence des importations. C’est le cas de l’Espagne, du Portugal et des Pays-Bas, avec des achats exceptionnels.

Selon l’analyste, ces volumes pourraient « constituer un sujet » en cas d’escalade des tensions entre les États-Unis et l’Union européenne. Pourtant, le marché en a bien besoin. L’Ukraine, habituel exportateur vers les pays sud-méditerranéens, a souffert d’une petite récolte l’année dernière. Les prix en mer Noire explosent, à plus de 250 dollars la tonne en spot. « Même si cette hausse est un peu artificielle [car en livraison immédiate], elle est assez incroyable pour être signalée. »

Des semis rassurants

À court terme, ce sont donc bien les exportations qui pèsent sur le prix de la céréale américaine. Mais dès cet été, la production de la Corn Belt en nouvelle campagne prendra le relais. Au 23 avril 2025, les semis étaient réalisés à hauteur de 24 % contre 12 % la semaine précédente. « Ce nouveau rythme d’emblavement est rassurant après les inquiétudes d’il y a quelques semaines, déclare Antoine Guyon. Seul l’État de l’Illinois semble encore présenter du retard. »

La question des surfaces étant a priori réglée, à 35,2 millions d’hectares selon les dernières estimations de l’USDA, il faut dorénavant patienter : « Si les rendements sont bien au rendez-vous, on pourra s’attendre à une production record de 400 millions de tonnes. »

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